Commençons par le commencement.
À l’âge de 5 ans, j’ai vu un avocat dans un film, sans vraiment comprendre le métier qu'il exerçait, et j’ai eu une révélation : c’était moi. Je crois qu’inconsciemment, mon cerveau a compris. Il a compris que tous les défauts que mes parents me reprochaient, cet homme (l'avocat dans le film) s’en servait comme des forces. J’ai compris à 5 ans qu’être têtue, disciplinée, rebelle et contestatrice, pouvait aussi être des qualités. À l’âge de 5 ans je prenais déjà la défense de ceux qui ne la prenait pas pour eux-mêmes, je remettais en question les principes qui ne me semblait pas justifiés et j’étais déjà droite et intègre comme personne. Je n’étais pas encore tombé en amour avec le droit, mais j’avais compris que fondamentalement, j’étais faite pour être avocate. C’est ce que j’étais déjà à 5 ans, dans tous mes traits de personnalité.
Le début d’un rêve.
J’ai donc 5 ans et j’ai trouvé ma vocation : être avocate. C'était mon plan A. En fait, je n'ai jamais eu de plan B. Mon véritable plan B? Essayer plus fort si le plan A ne fonctionne pas. J’ai évidemment été confrontée à toutes sortes de commentaires : « c’est un domaine difficile », « tu vas changer d’avis », « trouve un plan B », « finalement tu n’aimeras peut-être pas », « tu es certaine de vouloir être avocate? », et j’en passe (il y en a eu beaucoup en 20 ans). Malgré tout, je n’ai jamais dévié de ma route. C'était ma mission de vie et j'en étais convaincue.
Je comprends que ça devait être mignon une petite fille de 5 ans qui se proclame déjà « future avocate ». Et bien sûr que je ne comprenais pas encore toutes les implications de ce choix de carrière, mais j’étais déjà très attirée par cet univers. Je me rappelle un texte que nous devions rédiger dans mon cours de français de 3e année pour l’Halloween. J’avais intitulé mon texte « Le procès de l'Halloween ». Je savais, du haut de me 8 ans, que le terme « procès » était un terme juridique, mais je ne comprenais pas du tout ce que cela signifiait. Vous me voyez venir, mon texte « Le procès de l’Halloween » ne parlait pas du tout de procès!
Dans ma vie, depuis mes 5 ans, à toutes les occasions où j’ai eu des décisions à prendre, des choix à faire, ils étaient toujours orientés vers mon choix de carrière. Un autre exemple qui me vient à l’esprit, c’est l’examen final de mon cours d’histoire en secondaire 5 (j’étais en option histoire avancée). La matière de l’examen final était libre, nous devions faire une présentation sur un moment historique de notre choix. J’ai choisi de faire le procès de Lee Harvey Oswald. J’étais donc l’avocate d’Oswald, je plaidais la théorie du complot et j’avais fais de la classe, le jury. C’est le tout premier procès que j’ai gagné!
La poursuite de mon objectif.
J’ai choisi l’option droit et histoire avancée au secondaire. Le rêve de la petite fille de 5 ans était maintenant un objectif. J’ai ensuite décidé d’étudier en techniques juridiques, de faire une majeure en criminologie, de poursuivre mon baccalauréat en droit et finalement mon Barreau. Je n’ai pas voulu faire le parcours traditionnel parce que j’étais profondément animée par la passion du droit et je voulais y étudier le plus tôt possible, ce qui explique mes choix académiques. Je suis d'ailleurs allée étudier à l'Université de Cambridge pendant un été!
Jamais, depuis l’âge de 5 ans, je n’ai désiré être autre chose. Parce que pour moi, la question n’a jamais été « que veux-tu faire plus tard? » mais plutôt « qui veux-tu être plus tard? ». J’avais déjà tout d’une avocate, il ne me manquait que les diplômes. Et c’est après 8 ans d’études et 4 diplômes que je suis devenue, officiellement, avocate.
Quand le rêve devient réalité.
2017, me voilà enfin assermentée par mon ordre professionnel. C’est la consécration de 20 ans de rêve, de sacrifices, de dettes d’études, de manque sommeil, de beaucoup trop de livres de droit dans mes bibliothèques, mais surtout, de motivation et de détermination. Mes 3 plus grandes qualités ont toujours été la détermination, l’intégrité et l’humanité. Et ma profession, malgré les préjugés, me permet d’être entièrement moi-même. Je sais depuis mes 5 ans que je suis faite pour ce métier qui est, pour moi, une vocation, et bien plus encore.
Alors, pourquoi je suis devenue avocate? Parce que c'est ce que j'ai toujours été.
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